7
Un mille-pattes prémonitoire

 

— Ça étonnerait qu’on trouve des paillettes par ici, dit Gylfie.

La petite bande suivait Otulissa dans les bois, au sud de l’île. Tenant dans son bec la baguette de sourcier, elle s’efforçait d’avancer avec prudence, mais elle était assez maladroite et lâchait son instrument tous les trois pas.

— Imaginez si on traversait les canyons de Saint-Ægo ! lança Perce-Neige.

— Le bâton se tortillerait tellement qu’il finirait par casser ! s’exclama Spéléon. Otulissa, laisse faire un spécialiste de la marche.

— D’accord, consentit la chouette tachetée. Mon bec commence à fatiguer.

Spéléon ramassa la baguette et progressa à grandes foulées gracieuses, en balançant la tête de droite et de gauche.

Au bout d’un moment, alors que le morceau de bois n’avait toujours pas esquissé le moindre frémissement, ils se mirent à s’ennuyer ferme. Seul Soren continuait d’apprécier la balade. Cela lui changeait les idées. Il se tracassait pour Églantine, à qui on avait diagnostiqué une forme de grippe. Elle passait son temps à dormir à l’infirmerie, transportée dans un pays imaginaire où elle ne se lassait pas de retourner. L’infirmière était optimiste, cependant. La jeune effraie reprenait du poil de la bête. Elle avait même rassemblé assez d’énergie pour sortir avec Primevère et Ginger en cette magnifique nuit d’été.

C’était bientôt l’heure de la matine. Les cinq compagnons renoncèrent à leurs recherches et s’offrirent une dernière escapade au-dessus de la mer d’Hoolemere, encore illuminée par la lune. Ils espéraient rencontrer de nombreux phénix, car la journée avait été chaude. Les phénix étaient ces légères brises de terre qui naissaient sur l’extrémité de l’île lorsque le sol se rafraîchissait. La terre refroidissant plus vite que l’eau, des vents doux et lisses se levaient puis soufflaient vers le large. Ils se prêtaient à toutes sortes de jeux ; les chouettes adoraient les dévaler comme des toboggans, sans remuer les ailes, jusqu’à frôler la crête des vagues.

Ils s’amusaient ainsi depuis quelques minutes quand Gylfie aperçut Églantine et Ginger.

— Regarde, Soren ! Ta sœur est dehors en train de batifoler !

— Génial ! C’est bon signe.

Il rebondit sur la queue d’un phénix, remonta en chandelle et cria :

— Églantine ! Ginger !

Il essayait de se montrer plus gentil avec Ginger. Il y mettait vraiment du sien. Églantine n’avait pas tort, au fond : comment avoir un comportement irréprochable quand on a été éduqué par les Sangs-Purs ? De son côté, Ginger lui rendait la pareille et faisait beaucoup d’efforts pour apprendre les manières de Ga’Hoole. Ils se perchèrent côte à côte dans un épicéa accroché aux falaises qui surplombaient la plage.

— Où êtes-vous allées vous promener ? leur demanda-t-il.

— On a traversé la moitié de la mer ! s’écria Églantine avec enthousiasme. Je crois que je suis presque rétablie. L’infirmière m’a administré un bon tonifiant et je ne dors presque plus.

— Elle reprend des forces, confirma Ginger.

Églantine omit cependant de raconter à son frère que ses rêves, bien que plus courts, n’en étaient pas moins intenses. Elle avait maintenant acquis la certitude qu’ils signifiaient quelque chose, qu’ils reflétaient la réalité. Quelque part, leur mère les attendait dans un creux, qui était la réplique exacte de celui dans lequel ils avaient éclos. Il ne se situait pas dans la Forêt de tyto, mais, selon elle, plutôt dans la région des Monts-Becs. Elle visualisait très nettement le décor : le sapin poussait à proximité d’un splendide lac scintillant. Personne n’était au courant pour l’instant, pas même Primevère et Ginger. Elle n’en parlerait qu’une fois prête à mettre son plan à exécution. Si elle restait éveillée un peu plus longtemps chaque nuit, et quelle s’entraînait à voler le plus loin possible, elle serait bientôt assez robuste pour s’y rendre.

Elle deviendrait alors la plus heureuse des chouettes – et l’héroïne de son frère, par la même occasion ! Si elle était capable de retrouver leurs parents, plus jamais il n’oserait l’écarter de ses projets. Adieu, tristesse, et vive le retour à la vie de famille ! Elle avait déjà mis au point leur futur programme : ils habiteraient au Grand Arbre de Ga’Hoole une partie de l’année (elle ne doutait pas un instant que Boron et Barrane proposeraient des places de rybs à ses parents, dont l’intelligence valait bien celle d’Ezylryb), et l’autre, dans leur propre creux aux Monts-Becs ou à Tyto. Mme Pittivier les accompagnerait, évidemment, afin que leur nid soit aussi bien entretenu qu’auparavant. Bref, ce serait parfait !

 

— J’ai une bonne nouvelle à vous annoncer ! déclara gaiement Mme P. tandis que les jeunes s’installaient autour d’elle avant de déguster un de leurs plats d’été préférés : du flan de symphorine avec un petit insecte au milieu.

— Quoi ? demanda Soren.

— Matrone dit qu’Églantine est guérie : elle peut rentrer dormir dans son creux.

— Ouais, super ! s’écria Primevère.

— À condition que tu continues de prendre ton tonifiant, poursuivit Mme P.

— Oui, c’est promis.

— Oh, j’ai une libellule ! Mon insecte préféré ! s’exclama Primevère.

Ses camarades enfoncèrent tour à tour le bec dans leur gelée couleur lilas pour découvrir quelle bestiole s’y cachait. Une sauterelle ? Une limace ? Églantine trouva un mille-pattes, sa bébête favorite ! Elle y vit un signe du destin, un message de Glaucis. Sa maman lui en rapportait souvent de la chasse pour lui faire plaisir et Soren ne manquait jamais de lui chanter la comptine du mille-pattes avant qu’elle ne les déguste. Elle leva de grands yeux brillants vers son frère.

— Églantine, tu ne vas pas me demander de te chanter la comptine du mille-pattes à la cantine, quand même ? murmura-t-il.

Elle éclata de rire.

— Non, ne t’inquiète pas !

 

La nuit la plus courte de l’année approchait à grands pas. On l’appelait la nuit Paline. Les chouettes l’attendaient avec impatience car, après elle, l’obscurité recommençait à s’étoffer. D’ici la fin de l’été, leur vie nocturne trépidante aurait rallongé de plusieurs heures.

En cette saison, les chouettes avaient tendance à veiller tard, tant elles revenaient frustrées de leurs trop brèves récréations.

— Allons à la bibliothèque, suggéra Otulissa. Je voudrais étudier le dessin que j’ai acheté à Maxi.

Ses amis adoptèrent sa proposition à l’unanimité.

Elle déroula la gravure sur une grande table.

— Si seulement j’avais encore le livre sur la paillettose, on y verrait plus clair… Oh : « quadrant » ! s’exclama-t-elle en pointant une patte tremblante d’excitation vers le schéma. On trouve ce mot à la fois dans les légendes du croquis du cerveau et dans celles du gésier. Il figurait aussi sur la page déchirée que vous m’avez rapportée ! Je reviens dans une seconde.

En un battement d’ailes, elle quitta la bibliothèque. Moins d’une minute plus tard, elle était de retour avec le bout de papier. Elle le posa à côté et compara les deux documents avec attention.

— Regardez : là, on lit le nombre deux. Il est un peu difficile à déchiffrer, j’avoue… Je crois que je commence à saisir. Le gésier serait divisé en quatre quadrants, tout comme le cerveau.

— Et le ciel nocturne, ajouta Gylfie. Strix Struma nous l’a appris en cours de navigation.

— Exact ! Quand Ezylryb était perdu dans le triangle du Diable[3], il ne parvenait plus à repérer les quadrants pour naviguer. Il avait perdu la boussole au sens propre : il ne savait plus où étaient les pôles magnétiques de la terre.

Une voix fatiguée les fit sursauter : l’intéressé les rejoignait.

— Tu as entièrement raison, Otulissa, marmonna-t-il. Ah ! un schéma des humeurs !

— Des humeurs ? répéta Perce-Neige. Je ne vois pas le rapport entre ces gribouillis et le fait d’être mal luné.

— Non, les humeurs, bêta ! Le livre perdu traitait largement de ce sujet… Il évoquait aussi leur lien avec la tectonique.

Soren cligna des yeux en entendant prononcer le nom de cette terrible maladie.

— Dites-moi, Ezylryb, bredouilla-t-il, hésitant, est-ce de cela que souffre Fanon ?

Le petit duc soupira bruyamment, puis secoua la tête.

— Non, je ne le crois pas. C’est une vieille bourrique, voilà tout. À mon avis, elle a seulement été victime de son mauvais jugement et de sa vision bornée de la situation. Elle pensait que les Sangs-Purs prendraient davantage soin du Grand Arbre que nous.

— Comment l’attrape-t-on, au juste, la « tectonique » ? s’enquit Otulissa.

— Ah, c’est une question très compliquée. Cette affection n’est pas sans relation avec les phénomènes de haut magnétisme que tu connais si bien. Par où commencer…

Primevère entra pile au bon moment dans la bibliothèque pour profiter de la leçon du maître. Elle s’installa et écouta sagement.

— Vous savez que nos cerveaux contiennent de minuscules cristaux de magnétite, un oxyde de fer. Ces particules, beaucoup plus petites que les paillettes, nous aident à percevoir les champs magnétiques, donc à naviguer. Imaginez qu’un événement vienne les chambouler. L’exposition à une trop grosse quantité de paillettes, par exemple. Alors, non seulement votre boussole interne sera perturbée, mais dans les pires des cas, d’autres organes vitaux pourront être touchés. Tel le gésier, qui se transformera en pierre. Troubles émotionnels, insensibilité, apathie, dépression, voire crises de démence et d’hallucinations : ce sont quelques-uns des effets de la paillettose.

— Pourriez-vous me recommander un livre sur les humeurs et les quadrants ? demanda Otulissa.

— Oui. Je vais t’en montrer un, suis-moi.

Elle emboîta le pas au hibou en direction d’une étagère située au fond du creux. Ses copains échangèrent des regards entendus : les manuels scientifiques, très peu pour eux. Ils les laissaient volontiers à Otulissa. D’autant que si elle s’absorbait dans l’étude de la paillettose, elle se désintéresserait peut-être de ses plans d’attaque contre les Sangs-Purs – des projets sans avenir, selon Soren. Lancer une offensive à titre préventif, surtout à l’échelle prévue par Otulissa, allait totalement à l’encontre de la morale des Gardiens. À la surprise générale, seule Primevère voulut l’accompagner dans sa lecture.

— Je peux venir avec toi ? demanda-t-elle.

— Bien sûr, répondit Otulissa.

— C’est juste histoire de jeter un coup d’œil.

 

Le soleil avait depuis longtemps dépassé l’horizon quand chacun regagna son creux. Églantine était épuisée : elle était allée au bout de ses limites cette nuit-là. Miss Plonk avait à peine entonné le deuxième couplet de sa berceuse, Glaucis veille sur vos rêves, que la petite effraie dormait déjà.

Primevère retrouva ses camarades de chambrée à une heure tardive. À son retour, Ginger se réveilla.

— Où étais-tu ?

— Je bouquinais à la bibliothèque.

— Ton livre devait être drôlement passionnant.

Primevère mentit avec aplomb pour la deuxième fois de sa vie :

— Oh, il ne s’agissait que d’un recueil de jeux et de devinettes, un de ceux qu’Églantine aime tant.

Elle tourna la tête vers sa meilleure amie et murmura :

— J’espère que ses rêves bizarres vont bientôt s’arrêter. Elle a beau prétendre qu’ils sont formidables, je suis persuadée du contraire. Elle gigote tellement et elle est si contractée !

— Hmm, fit Ginger en bâillant. Parfois, je me lève pour lui tapoter le dos. Je crois que ça la calme un peu.

— C’est gentil de ta part.

« J’ai été trop sévère avec Ginger, pensa Primevère. Elle n’est pas si méchante, en fin de compte. À moins que ce ne soit la perspective de la nuit Paline qui la rende plus aimable. » Elle écouta la fin de la berceuse. La belle voix de Miss Plonk tintait comme un carillon d’argent dans le matin.

 

La nuit est terminée,

Mais grâce à Glaucis, ce soir vous retrouverez

La lune éclatante et son cortège de constellations.

Le Grand Arbre est votre foyer,

Au creux de son tronc protecteur vous apprendrez la liberté.

Oui, dormez sans crainte, oisillons :

Glaucis veille sur vos rêves.

 

Primevère ne fut pas longue à s’assoupir. Tard dans l’après-midi, elle entendit un bruit furtif et entrouvrit un œil. Ginger était penchée sur Églantine. « Oh, la pauvre. Elle doit encore faire un de ses affreux cauchemars. » Elle referma la paupière et s’évada tranquillement vers le pays des rêves.

 

Églantine osa enfin franchir le rideau de mousse. Vue de dos, la dame effraie ressemblait à s’y méprendre à sa mère. Elle se retourna soudain. Oh, c’était le portrait craché de Marella ! Enfin, presque… À mieux y regarder, son visage était plus blanc et il portait une fine cicatrice bien visible entre les plumes.

— Je t’attendais depuis si longtemps !

— Vraiment ?

— Oui, mon chou.

Églantine tressaillit. « Mon chou » ? Cette expression ne collait pas dans le bec de sa mère. Elle avança néanmoins.

— Qui êtes-vous ?

— Qui ? Mais tu le sais bien ! Et tu n’as nul besoin d’attendre la nuit Valine pour venir à moi. Tu seras prête bien plus tôt, chérie…

Elle frissonna et battit des cils. La douce lueur lavande du crépuscule baignait le creux. Ses rêves ressemblaient de plus en plus à la réalité ; elle avait l’impression de voyager dans un monde parallèle. Et elle ne doutait plus d’être attendue puisque sa mère l’invitait à la rejoindre le plus tôt possible ! Trop excitée pour garder cette nouvelle pour elle, elle chercha ses amies des yeux. Le coin de Primevère était vide ; en revanche, Ginger s’étirait à peine. Elle attendit quelques instants puis sautilla vers elle.

— Ginger, j’aimerais te raconter un truc… Mais tu dois promettre de ne pas me prendre pour une dingue.

La jeune effraie, intriguée par le ton mystérieux d’Églantine, avait déjà les cinq sens en éveil.

— Moi ? pépia-t-elle. Jamais de la vie je ne penserai une chose pareille ! Tu es la chouette la plus raisonnable que je connaisse.

— Tu ne te moqueras pas de moi, hein ? Et tu me jures sur ton gésier que tu ne répéteras rien ?

Ginger plaqua une aile contre son ventre et déclara :

— Je te le jure, sur mon gésier. Alors, alors ?

— Bon, fit Églantine en inspirant un grand coup. C’est à propos de mes rêves… En fait, j’ai le sentiment que ce ne sont pas vraiment des rêves. Ils me délivrent un message.

— Quel message ? murmura Ginger.

— Ils me disent que mes parents sont vivants et qu’ils m’attendent. Je crois pouvoir les retrouver.

— Bien sûr ! Il paraît que ton frère possède la vision supersidérale. Il n’y aurait rien d’étonnant à ce que tu l’aies, toi aussi.

— Tu as raison ! Je n’y avais pas pensé. Ce doit être de famille. Oh ! j’ai bien fait de t’en parler. Et tu sais quoi ?

— Non ?

— À mon avis, ils sont aux Monts-Becs. J’avais décidé d’y aller à peu près un mois après la Paline, dès que je serais rétablie et que les nuits seraient assez longues. Mais dans mon dernier rêve, ma mère m’a assurée que je serais prête avant.

— Et qui le saurait mieux qu’elle ? Tu peux faire confiance à une maman pour deviner ce genre de choses-là. C’est merveilleux !

« Décidément, Ginger est formidable ! songea Églantine. Elle, au moins, elle sait me réconforter ! »

Le Guet-Apens
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